Crise du Bassin du Lac Tchad
La crise humanitaire qui sévit autour du Bassin du Lac Tchad est une crise complexe.
La crise résulte d’un conflit armé, alimenté par une marginalisation socio-économique de longue date de cette région du monde, sur fond de crise écologique.
Le conflit qui a fait plus de 20 000 morts depuis 2009 s’est grandement intensifié au cours des dernières années. Il s’est également propagé aux pays limitrophes du Nigéria que sont le Niger, le Cameroun et le Tchad.
Les violences engendrées par Boko Haram et par les contre-offensives militaires ont entraîné des déplacements massifs et prolongés de populations. Le nombre de personnes déplacées ayant triplé au cours des deux dernières années.
Cette crise a également entraîné une désorganisation importante de l’agriculture, en raison de la destruction et du pillage des récoltes et du bétail par les groupes armés mais aussi en raison des interdictions, par les autorités, de certaines activités commerciales et de la fermeture de frontières et de marchés pour des raisons de sécurité. Les taux d’insécurité alimentaire et de malnutrition ont atteint des niveaux critiques et il est estimé que près de 50 000 personnes sont actuellement à risque de famine au Nord-Est du Nigéria.
Les violences et l’insécurité permanente ont également entraîné la destruction d’infrastructures vitales et le dysfonctionnement de services sociaux de base tels que les écoles et les centres de santé.
Cette crise humanitaire a des causes profondes. Notamment, la région du Bassin du Lac Tchad souffre depuis de nombreuses années d’un déficit de développement. Les États se sont peu investis dans ces zones loin des grands centres. Il s’agit également d’une région où existent préalablement des tensions intercommunautaires autour de l’accès aux ressources naturelles, où la population a enregistré une croissance très rapide au cours des dernières années et dont les frontières sont mal contrôlées. Par ailleurs, la région est le théâtre de catastrophes naturelles récurrentes, amplifiées par les changements climatiques. Une crise environnementale due en grande partie à la désertification et la surexploitation des ressources naturelles vient s’ajouter à ces problèmes préexistants et récurrents, entraînant des déficits de la production alimentaire depuis quelques années.